Jumeaux

Lettre à la sœur jumelle de ma fille

mains jumelles

Cet enfant tant désiré

Combien de fois, encore aujourd’hui, je me suis surprise à dire :« Non, je ne veux pas d’autres enfants puisqu’à l’origine, je n’en voulais qu’un seul » Je dois en choquer plus d’un en disant ça puisque j’ai mis au monde deux petites jumelles et que ça me comble de bonheur.

Je pense à toi ma fille, quand tu seras plus grande, et que peut-être ces mots viendront blesser ton ego ou te questionner sur ton identité, sur notre désir de t’avoir ; voici en quelques mots (difficiles à exprimer), ton histoire.

Avoir deux enfants en une grossesse

L’annonce de la grossesse, cet enfant tant désiré qui va agrandir la famille et qui comble déjà de bonheur, avant même son arrivé, toute la famille et l’entourage proche. Puis cette fameuse échographie, programmée le 1er avril, nous envisagions déjà la blague du médecin qui nous annonce des jumeaux ; ça nous faisait beaucoup rire. Oui, dit comme ça, la grossesse gémellaire semblait une blague. Détrompez-vous !

Il est vraiment difficile de décrire ce que j’ai ressenti quand papa m’a dit les yeux émus « Si si, je les ai vu, il y en a deux !« . Ces deux cœurs qui battent, ces deux petits bouts qui grandissent dans mon ventre, ce choc, cette joie, cette euphorie, cette crainte, toutes ces questions qui se chamboulent… Et puis m*rde, prend la vie comme elle vient, ça doit être ça être maman, vivre avec les imprévus !


Plus j’y pensais et plus s‘est devenu une évidence. Papa voulait deux enfants et je n’en voulait qu’un (pour pleins de mauvaises raisons), ça semblait donc évidant : nous allions avoir deux enfants et je n’aurais qu’une grossesse.

J’ai donc pris le temps de profiter à fond de cette grossesse. J’ai pris le plus de congés possibles, et j’ai appris à vous connaître à travers des caresses et des berceuses. Je vous imaginez jouant dans le jardin et vous inventant un langage, toutes les deux riant aux éclats ou faisant des bêtises et j’ai compris que j’allais vivre quelque chose d’extraordinaire. Voir deux êtres grandir en même temps, tout faire ensemble (ou presque), la complicité entre sœurs que je n’avais jamais envisagée, cette vie bien remplie que je désirais tant.

Une rencontre en deux étapes

Papa et moi étions préparé à tous les aléas qui peuvent venir pour la naissance de jumeaux mais jamais nous n’avions envisagés ça : la séparation. Nous étions inconsciemment déjà prêt à tous vivre à quatre : la couveuse, la césarienne, toutes les complications possibles et nous n’avions même pas eu besoin d’en passer par tout ça. Vous êtes nées naturellement, sans complications. Les médecins ont voulus, par sécurité hospitalisé l’une pour ne pas prendre de risque même si papa me confirmait qu’elle allait bien.

J’ai une photo de nous trois le premier jour, que dis-je, les premières heures; pour tout vous dire, je m’en souviens à peine. J’avais les jambes engourdies par la péridurale, ma tête fatiguée et mon sang plein d’ocytocines. Je me souviens à peine de ce qu’on m’a dit quand on vous a séparés, j’ai juste dit « Faites ce qu’il y a de mieux pour elle« . Je me souviens par contre très bien être monté dans ma chambre avec un bébé, un seul ! Mon cœur de jeune maman brisée, mais trop épuisé pour comprendre ce sentiment.

Il y avait bien plus que moi et le lien avec mon bébé: il y avait le lien avec mes bébés et le lien entre mes bébés. Je vous passe l’ascenseur émotionnel des jours suivants qui juxtaposaient la découverte de la maternité, les visites hospitalières, les photos d’un bébé puis de l’autre, papa rendant visite à sa fille, maman s’occupant de l’autre et inversement. Je vous passe la tristesse de partir de l’hôpital avec un seul bébé même si l’autre allait bien et s’était réveillé. C’était ça la blague ! Moi qui vous attendait avec tant d’impatience, qui avait tellement hâte de vous rencontrer, de vous pomponner, de vous présenter la famille, on nous avez séparés ! Chaque jour de cette parenthèse étaient si longs…

La deuxième rencontre

J’avais omis un lien que je n’avais encore jamais vu : celui de papa avec vous deux. C’est seulement le jour où nous avons enfin était réunis tous les quatre que j’ai compris : mon dieu, cette connexion qu’il y avait entre nous tous !

J’ai vu papa vous prendre dans ses bras, vous réunir, resserrer à la clé à chaîne les liens entre lui et vous, entre vous, entre nous trois pour que jamais ils ne puissent être défaits. J’ai senti mes larmes couler, là où aucun mot ne pouvaient exprimer ce qu’il se passait dans mon cœur, la joie de vous tenir enfin toutes les deux dans mes bras. J’ai vu vos têtes de nouveau-nés se rapprocher et se câliner comme si rien ne s’étaient jamais passé. Cette fameuse poussette double qui n’attendait que vous, nos cœurs enfin remplis d’amour.


Si tu cherches encore, après toute cette lecture à qui est dédié cette lettre, rappelle-toi une chose ; tu es né d’un amour sincère entre un papa et une maman qui désiraient plus que tout partager cet amour. Nous avons crée une cellule unique qui s’est divisée en deux merveilleuses personnes, avec des caractères et des personnalités différentes que nous aimons tout autant l’une que l’autre.

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